« Connaitre, ce n’est point démontrer, ni expliquer, c’est accéder à la vision »

Antoine de Saint-Exupéry

vendredi 28 septembre 2018

A PROPOS DU STRESS AU TRAVAIL


Le déficit d’engagement des collaborateurs dans le projet de l’entreprise vient, sans aucun doute, de la prédominance de la peur et du stress dans l’environnement professionnel.
Une étude du cabinet Stimulus montre que 24% des collaborateurs se jugent en état « d’hyperstress » (niveau dangereux pour leur santé) et que 52 % ressentent un niveau d’anxiété élevé (2017).

Qu’est-ce que le stress ? C’est un déséquilibre perçu entre ce qui est exigé de la personne et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences.

Les situations de stress répétées conduisent à la mise en place d’une fatigue chronique qui empêche l’individu de prendre le recul nécessaire pour faire face à la situation et augmente son stress.

Le stress est donc un facteur majeur de la souffrance pathogène au travail.

Pour faire face à cette souffrance, plusieurs types de stratégies peuvent se mettent en place.

Des stratégies individuelles :

La première de ces stratégies, la plus courante, malheureusement, c’est la fuite en avant.
C’est celle vers laquelle nous pousse le niveau d’exigences toujours plus élevées dans lequel nous vivons professionnellement. Cette fuite en avant se manifeste par la mise en place d’une « agitation professionnelle », d’une « hyper activité » qui mène parfois au burnout ou pire encore.

La deuxième stratégie individuelle est une réaction plus réflexive. C’est la mise à distance raisonnée de l’objet de la souffrance par rapport à la souffrance vécu. Il s’agit de prendre le temps « d’analyser les causes et les conséquences de ce qui me fait souffrir et d’agir pour que cela cesse ».
Cette stratégie nécessite la mise de l’émotion à sa juste place : une place d’indicateur (celle d’un danger potentiel quand il s’agit de la Peur)
Dans la fuite en avant, l’émotion prend le commandement de la personne au dépend de la raison (réflexe).
Dans la démarche réflexive, la raison doit reprendre sa place pour garder le commandement (réflexion).

Malheureusement, si certaines personnes prennent le temps de l’analyse, peu aujourd’hui osent mettre en œuvre les stratégies nécessaires pour réduire le niveau de stress : discussion avec sa hiérarchie, recherche de compromis, changement d’orientation professionnelle … Les actions qu’ils devraient entreprendre pour limiter leur stress alimentent leurs peurs et augmentent encore plus en eux le stress !
Nous sommes une génération aliénée à notre position sociale et à nos possessions. Cela rend difficile voire impossible la prise de risque que nécessite la mise en place d’une véritable stratégie professionnelle. Nous ne sommes plus libres, nous sommes entravés. On doit à la vérité que certaines personnes sont véritablement dans des situations difficiles. Mais aucune situation n’est désespérée et ce qui permettra un avenir meilleur dépend de ce que nous décidons aujourd’hui. Encore faut-il décider de quelque chose et arrêter de subir.

Cette stratégie réflexive peut se traduire aussi par ce que j’appellerais un « recadrage imaginaire ». Beaucoup de nos peurs sont irrationnelles et non fondées. Elles sont parfois idéologiques.
Hormis le fait que vivre c’est prendre des risques et que notre nature est mortelle, beaucoup de danger supposés sont en réalité fort peu probables. Conduire sa voiture, c’est prendre un risque, mais la probabilité d’avoir un accident mortel est aujourd’hui minime. Selon la sécurité routière, nous risquons 6 accidents mortels par Milliard de Kms parcourus. La probabilité d’avoir un accident mortel est de 0,000 000 006 par kilomètre parcouru ! Si vous faites 20 0000 kms par an pendant 60 ans, vous avez parcourus 1 200 000 kms. Pour faire 1 000 000 000 de Kms, il vous faudrait… 50 000 ans !! Vous pouvez en théorie conduire 8 300 ans sans risquer d’avoir un accident mortel ! N’ayez plus peur ! Conduisez !
Ce recadrage imaginaire peu permettre à une personne de réaliser que le « déséquilibre » supposé entre ce qui lui est demandé et les « ressources disponibles pour y arriver » n’est pas si important qu’il n’y parait. Nous avons pleins de ressources insoupçonnées, encore faut-il que nos managers, que les personnes ayant autorité sur nous nous laissent la possibilité de les éprouver. Et si nous n’avons pas seul les ressources pour y parvenir, d’autres les ont peut-être. C’est collectivement que le progrès avance. C’est donc un des rôles fondamental du manager que de créer les conditions favorables pour que ses collaborateurs ne se mettent pas en situation stress devant un problème attendant de leur manager la solution, mais prennent le recul nécessaire pour trouver les ressources qui vont leur permettre de régler le problème eux même.

Des stratégies collectives :

Ces stratégies collectives sont du même ordre.

Elles peuvent se borner à nier le danger en le relativisant à outrance ou en refusant de le prendre en compte. Cela amène à des conduites à risque (déni de réalité). On se trouve alors dans un délire collectif de fuite en avant au-delà de toute raison avec un réel danger de violence physique et psychologique sur les personnes (je n’ose plus exprimer mes doutes et mes peurs de peur de passer pour un « maillon faible »).

Elles peuvent aussi être l’occasion de mise en perspective des dangers potentiels dans un devoir de transparence pour amener les personnes à les prendre en compte et à les accepter librement comme faisant partie intégrante de l’aventure commune.

Pour lever les facteurs de stress au travail, il est donc indispensable de faire œuvre d’intelligence collective. Intelligence qui va redonner du sens à l’engagement personnel et collectif. Intelligence qui permettra à chacun de re-choisir librement de s’engager dans le projet commun.

mercredi 21 février 2018

DE L’UTILITE DES REGLES DANS L’ENTREPRISE

Depuis les années 60, nous avons, particulièrement en France, un problème avec l’autorité.

La société hédoniste que nous avons construite nous porte à idéaliser une fausse conception de la liberté qui se résumerait à : « je fais ce que je veux, quand je veux. »

Hélas, nous faisons quotidiennement l’expérience, quelque soit notre état de vie, que pour continuer à vivre dans ce monde, il faut se soumettre. Se soumettre aux lois de la nature humaine (si je ne mange pas, si je ne bois pas, je meurs), se soumettre aux lois et aux règles de la vie en société.

Ces lois trouvent leur sens dans la nécessité du respect de soi et de l’autre dans notre intégrité (physique, intellectuelle, émotionnelle et spirituelle).

Sous chaque règle, sous chaque loi il y a une contrainte et une frustration potentielle. Les règles et les lois sont une limite à notre liberté individuelle au service d’une protection personnelle et collective. C’est pourquoi, pour qu’elles soient acceptablent, ils faut qu’elles aient du sens, qu’elles soient expliquées, comprises et acceptées.

Les règles ont deux finalités : la sécurité et l’efficacité ou fluidité.
Pour mieux comprendre, prenons pour exemple le code de la route. Le code de la route n’a de sens et ses règles ne sont acceptables que parce qu’elles permettent d’améliorer la sécurité des usagers et de faciliter la circulation. S’arrêter à un feu rouge est une limite à ma liberté d’aller et venir. Si je suis pressé, cela peut générer une frustration. Mais c’est parce que tous s’arrêtent au rouge et passent au vert que je peux poursuivre ma route sans craindre d’avoir un accident.
Les règles ont aussi pour utilité de favoriser les flux, tous les mouvements qui régissent nos vies au quotidien. S’arrêter au feu rouge est à priori une perte de temps. Mais, si le feu est placé dans un endroit stratégique, il permet d’éviter les embouteillages. Quand le feu passe au vert, la voie est dégagée et finalement, je gagne du temps.

Dans l’entreprise, les règles ont la même utilité. Exiger, par exemple, que tous soient présent en même temps (respect des horaires) n’a pour finalité que l’efficacité du travail.  Cette efficacité est une nécessité objective (impératif de résultat) mais également subjective (être heureux au travail c’est pouvoir admirer l’œuvre accomplie).

Nous constatons depuis les années 70 une inflation inquiétante des règles. Cette inflation a deux conséquences néfastes :

- La multiplication des règles inutiles et inutilement frustrantes ce qui provoque le résultat inverse de ce que l’on pourrait en attendre : une perte de sens et un désengagement généralisé
- Le développement de la défiance qui pousse un nombre de plus en plus important de collaborateurs à transgresser les règles.


Il est donc urgent et nécessaire de revister les règles et de s’interroger sur la nécessité d’en promouvoir de nouvelles. Tout le mouvement de l’entreprise libérée repose sur ce constat.

A bientôt...