« Connaitre, ce n’est point démontrer, ni expliquer, c’est accéder à la vision »

Antoine de Saint-Exupéry

mercredi 29 novembre 2017

LE BESOIN DE RECONNAISSANCE

Le sentiment de bonheur repose sur une double 
satisfaction : La satisfaction liée à la fierté de l’œuvre 
accomplie et la satisfaction de la reconnaissance de l’œuvre accomplie par les autres. Une « identification » intrinsèque, qui vient de mes aspirations profondes, et une reconnaissance extrinsèque qui manifeste la valeur de l’œuvre.  

C’est ce qui est à l’origine de notre besoin fondamental de reconnaissance. Nous avons tous besoin de reconnaissance comme d’un carburant indispensable pour franchir une étape supplémentaire.

Le sentiment de bonheur peut cependant reposer simplement sur la reconnaissance de notre spécificité, de notre unicité, de notre dignité. C’est ce qui arrive au nourrisson lorsque sa mère lui sourit et lui témoigne de son amour. Le Bébé n’a comme seul moyen de s’accomplir comme être humain, que ce que sa nature propre de Bébé lui permet. Etre aimé pour ce qu’il est plus que pour ce qu’il fait. 
C’est sans doute ce qui fait d’ailleurs le fondement même de notre aspiration au bonheur. Aimer et être aimé pour ce que nous sommes vraiment. Toutes les œuvres que nous accomplissons n’ont pour simple finalité que de nous montrer au monde tel que nous sommes pour que le monde nous reconnaisse. Mais pour être vraiment heureux, il est nécessaire de s’accepter tel que nous sommes et non pas de chercher à nous sublimer, d’accepter l’inachèvement des œuvres que nous accomplissons et non pas de courir après la perfection, d’accepter que d’autres sont plus efficaces et reconnus et ne pas travestir notre réalité.


Le manager, la personne en position d’autorité a, dans cette réalité, un rôle particulièrement important à jouer qui tient d’une posture bienveillante. Ce rôle c’est de reconnaitre ce qui a été accompli avec justesse, en tenant compte de qui l’a réalisé. Accueillir le collaborateur dans sa réalité et juger le résultat en fonction de son potentiel. A force de ne tenir compte que de la qualité du résultat, nous observons dans nos entreprises le développement du mythe de la perfection qui n’a comme conséquence que de provoquer un désengagement profond des collaborateurs. Pourquoi faire des efforts, pourquoi se fatiguer au travail pour un résultat qui sera inévitablement jugé comme insuffisant ? 

La perfection n’existe pas et c’est tant mieux !

A la semaine prochaine !

dimanche 26 novembre 2017

Le Bonheur au travail (suite)

LE BONHEUR A UN COUT

Finalement, après un rapide voyage à travers les illusions du bonheur, la question reste entière. Le bonheur est-il possible ? N’est-ce pas définitivement un mythe ? Sommes-nous personnellement éligibles au bonheur ?

Pour répondre à cette question, voici la définition du bonheur que je vous propose :

« Le Bonheur c’est l’accomplissement de soi à travers l’accomplissement d’une œuvre exigeante, collective, utile et sans cesse perfectible »

Accomplissement de soi, parce que, être soi, c’est un mouvement perpétuel, un devenir permanent et que le besoin de développement est une force vive contre laquelle il est vain de lutter.
On n’est, en effet, jamais, à chaque instant, « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre… ». Je suis la même personne que lorsque j’étais enfant, mais je ne suis plus la même. Si à 6 ans on m’appelait par mon prénom et mon nom, je répondais présent. Aujourd’hui pareillement. Mais je n’ai plus les mêmes caractéristiques physiques, intellectuelles et spirituelles de l’enfant de 6 ans que j’étais. Le destin humain c’est donc de croitre et de se développer puis de se développer. Croitre et se développer jusqu’à l’âge de 20-22 ans et se développer jusqu’à la fin de sa vie.
Devenir soi, c’est découvrir chaque jour de nouvelles caractéristiques spécifiques de sa personnalité, observer les évolutions permanentes de sa personne, les dons uniques de son être profond et agir pour développer des talents et accomplir une œuvre dans laquelle on peut se reconnaitre, dans laquelle il est possible de retrouver un « bout de soi-même ». On ne peut pas se dépasser comme l’expression « dépassement de soi » le laisserai croire, mais, en relevant des « défis », on peut s’accomplir, découvrir de nouvelles ressources en soi et se développer.

Vivre heureux, ce pourrait être : « se découvrir chaque jour un peu plus ». Et se découvrir c’est retirer ce qui nous couvre, ce qui nous cache à nous-même et aux autres. Se découvrir, c’est prendre le risque de se voir différent que le fantasme de nous-même. Se voir tel que nous sommes réellement infinis mais limités.

Accomplissement d’une œuvre, parce que le sentiment de bonheur est toujours le résultat de la mise en œuvre d’un projet. Plus le projet a été difficile, plus les embuches ont été importantes pour accomplir la tâche et bénéficier d’un résultat, plus le sentiment de bonheur est intense. Atteindre le sommet du Mont Blanc, c’est un projet qui demande des efforts. Atteindre le sommet du Mont Blanc en hélicoptère, c’est plus facile et moins engageant que de l’atteindre à pied. Atteindre le sommet du Mont Blanc en hélicoptère ne provoque pas la même joie ni la même fierté que de l’atteindre à pied, même si, quand je suis au pied du Mont Blanc, mon penchant naturel pourrait m’incliner vers la facilité (Bien être, moins de contraintes, plus de sécurité…) et choisir l’hélicoptère. Le bonheur a un coût.

Œuvre utile, parce que l’utilité donne du sens à l’engagement et à l’accomplissement. Pour pouvoir être fier de ce que j’accompli, il est nécessaire que le résultat soit : Bien, Beau ou Bon. L’utilité permet aussi l’effort nécessaire à l’accomplissement.
L’utilité peut parfois se résumer à la simple nécessité de s’accomplir. Il n’y a pas toujours de valeur objective dans ce que j’accompli mais il y a toujours nécessité d’une valeur subjective qui donne son sens à l’œuvre. Et l’accomplissement de soi peut être une valeur subjective en soi. Gravir le Mont Blanc n’a pas d’utilité objective. Il faut redescendre et on ne construit rien de réel. Ça ne laisse pas de traces. Mais la difficulté de l’épreuve et la fierté que l’on en retire donne du sens à l’action ce qui en fait une œuvre potentiellement utile. C’est dans l’imaginaire individuel et collectif que se construit alors l’utilité de l’œuvre.

Accomplissement d’une œuvre collective parce qu’il n’existe pas dans ce monde d’œuvre que ne soit pas le résultat d’un travail collectif. Si vous faites l’ascension du Mont Blanc en solo, le matériel que vous emportez et qui est nécessaire à votre ascension est le résultat du travail de conception et de réalisation de toute une équipe.

Sans cesse perfectible parce que l’Homme détient dans sa nature profonde le besoin et la capacité de repousser toujours les limites de ses connaissances et de son efficience.  
Il n’existe pas d’œuvre parfaite, il n’existe que des œuvres abouties. Il est indispensable de prendre en compte cette réalité pour pouvoir « gouter son bonheur ». Espérer la perfection c’est la garantie de vivre d’intenses frustrations. Confucius disait : « le Bonheur c’est le chemin ». Ce qui rend heureux ce n’est pas de constater l’écart qu’il y a entre mon rêve et ce que j’ai réalisé, mais la beauté de ce que j’ai réalisé et le chemin de perfection qu’il reste à parcourir pour parfaire cette œuvre.

Ce qui rend l’Homme heureux, c’est donc d’accomplir une œuvre « essentielle ».
L’essence de la personne humaine, c’est ce qui constitue la nature profonde de l’être. Une œuvre essentielle, c’est une œuvre qui entre en lien avec cette nature profonde, qui réponde aux aspirations profondes de la personne.
Pour être heureux, il faut œuvrer à changer le monde. A changer son monde.


A la semaine prochaine !!!




vendredi 17 novembre 2017

Le bonheur au travail

Chers amis lecteurs,

Je vous propose d’entamer à travers ce Blogg une réflexion sur le bonheur au travail.
J’ai bien conscience de m’attaquer à un sujet immense et pour lequel il n’y a de toute évidence pas de réponses simples. Mais au cours de ces derniers mois j’ai pu constater dans les différents accompagnements que je conduis combien d’idées fausses et de faux espoirs circulent auprès de nos contemporains. Ils sont sources de souffrances, parfois de désespoirs. Je prends donc le risque d’apporter ma petite pierre à l’édifice. En espérant que vous y trouverez l'inspiration.
Merci d'avance de me faire part de vos remarques afin d'alimenter ma réflexion

Bonne lecture

Une définition du bonheur

Qu'est ce que le bonheur?
Répondre à cette question est sans aucun doute prendre le risque de se trouver confronté à de fortes oppositions. De nombreux esprits brillants s’y sont exercés. La question du bonheur est la matière première par excellence de l’exercice de la philosophie : comprendre le sens de la vie sur terre et, en en trouvant le sens, comprendre l’existence pour mettre en œuvre les clés d’une vie réussie.
Mais il faut constater que la question du bonheur et en particulier la question du bonheur au travail dépasse largement le champ de la « philosophie universitaire ». C’est sans aucun doute et plus que jamais une question d’actualité socio-économique voir politique. Le développement des sciences sociologiques et psychologiques nous permet de mesurer le moral des forces vives. Et le constat est amère. Le bonheur n’est pas, comme nous l’avons tant espéré, proportionnel au niveau de développement de nos sociétés de consommation ni le fruit naturel de la démocratie. Pour être heureux, il semble qu’il ne suffise pas de vivre dans un environnement favorable mais qu’il faille aussi s’engager personnellement.

Pour comprendre ce que pourrait être une certaine idée du « bonheur », je vous propose de raisonner par l’absurde.

Qu’est-ce que n’est pas le bonheur ?

Le bonheur, ce n’est pas le « bien être »

C’est sans doute la plus grande méprise de notre époque post-moderne. Tout tend à nous faire croire qu’être heureux, c’est ne plus subir la pénibilité de notre condition de terrien. Le bonheur serait l’absence de la « souffrance ». Tout le « progrès technique » se mesure à l’aune d’une « réduction de la pénibilité au service d’une plus grande efficacité » et dans sa capacité à nous permettre de « dépasser les limites de nos réalités physiques et intellectuelles ».
Mais les sondages, les analyses sociologiques apportent la preuve que la diminution de la pénibilité ne suffit pas à rendre les gens heureux. La raison de cet échec, c’est sans doute que notre condition de vie sur terre est…pénible. Supprimez une tache réputée difficile, une autre d’une autre nature prendra sa place. Il ne s’agit donc pas tant de « bien être » que « d’être bien ». Dans l’expression « bien être » on présuppose une cause externe améliorable qui, si elle ne l’est pas, nous empêche d’être heureux. « Etre bien » nous renvoi, au contraire, à un principe interne mobilisable pour la mise en œuvre des conditions du bonheur.

Tout le monde n’aime pas passer ses vacances à se faire bronzer sur la plage. Certains préfèrent gravir des montagnes. Et ces deux activités sont légitimes pour être heureux en vacances. Se fatiguer, avoir des ampoules, avoir froid… ne sont pas ce que l’on espère, a priori, lorsque l’on parle de bien-être. Mais ce sont les conditions indispensables au montagnard pour être bien.
« Un bonheur qui dépend des circonstances extérieures n’a rien à voir avec le véritable bonheur. » Anonyme

Le bonheur, ce n’est pas l’absence de contraintes

Une certaine idéologie primaire tendrait à nous faire croire que la liberté, condition première du bonheur, serait l’absence de contraintes. Il s’agit là de toute évidence d’une utopie dangereuse. Connaissez-vous personnellement quelqu’un dans votre entourage qui n’a aucune contrainte ?
Notre condition d’humain sur cette terre est une condition de soumission. Soumission aux forces de la nature, soumission au contingences matérielles, soumission à nos limites biologiques personnelles, soumission à des autorités… Vouloir lutter à tout prix contre ces soumissions ne peut pas être un but en soi. Et c’est par nature voué à l’échec. La lutte n’est justifiable que par la finalité de la lutte. Il y a des luttes porteuses de sens. Mais lutter pour lutter n’a pas de sens.
Il y a certaines autorités bienveillantes et justement contraignantes qui, même si elles ont un pouvoir de soumission, sont facteurs de stabilité, de sécurité, de fluidité et de liberté. C’est, par exemple, toute la beauté d’une autorité parentale équilibrée. Il y a aussi des pauvretés, des limites qui permettent la créativité, le dépassement de soi.
Faire usage de sa liberté, c’est plutôt « choisir librement », en mettant en œuvre son libre arbitre, la solution qui nous parait la mieux adapté à la situation à laquelle nous faisons face.
Etre adulte, c’est être autonome, c’est-à-dire choisir librement et assumer ses choix. Et assumer ses choix, c’est assumer les contraintes, les désagréments, les frustrations inévitables et inhérentes à tout choix. Une fois le choix posé, le travail pour parvenir à atteindre l’objectif n’est autre qu’une succession d’actions ayant pour but de lever ou de limiter les contraintes liées aux lois naturelles et humaines de ce monde. Il s’agit de créer les conditions favorables pour atteindre l’objectif. Même pour partir en week-end au ski avec des amis, il faut produire un « travail » : Préparer ses bagages, conduire, respecter le code de la route, organiser les repas, faire les courses…
 “Qu’est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la puissance croît, qu’une résistance est en voie d’être surmontée” Nietzsche 

Le bonheur ce n’est pas la jouissance

Je ne résiste pas à la tentation de citer ici la très brillante chanson d’Alain SOUCHON, « foule sentimentale ». « On nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir de l’avoir plein nos armoires, illusion de nous dérisoire… »
La jouissance est éphémère. Plus elle est intense, plus elle est éphémère. Elle laisse souvent la place à un grand vide. Vide qui appel une autre jouissance jusqu’à l’addiction. Et l’addiction c’est une forme d’esclavage, une aliénation au plaisir. Je sais que ce n’est pas très moderne de ne pas faire l’apologie de la jouissance. Mais soyons réaliste. Quand nous accédons à un de nos désirs, un autre prend sa place. C’est tant mieux d’ailleurs. C’est ce qui nous permet de continuer à avancer, de continuer à espérer un mieux et un plus. Mais cessons d’être puériles. Ce qui est intéressant dans le désir ce n’est pas tant le fait d’atteindre et de consommer ou de consumer l’objet, la personne, l’objectif que nous nous sommes fixé. Ce qui fait la valeur de ce désir, c’est la représentation imaginaire idéale que nous développons à l’évocation de ce désir, le fantasme et l’énergie que nous mettons à atteindre ce fantasme. Et la valeur du fantasme réside bien souvent dans la difficulté, supposée ou réelle, à le réaliser.  Confucius disait : « le bonheur, c’est le chemin ». Réduire la difficulté du chemin pour atteindre plus facilement l’objet du fantasme c’est prendre le risque de l’addiction au dépend d’un bonheur réel.
Atteindre le sommet du Mont Blanc à pied provoque plus de bonheur que de s’y faire déposer en hélicoptère.
“Notre bonheur ne consistera jamais dans une pleine jouissance, où il n’y aurait plus rien à désirer ; mais dans un progrès perpétuel à de nouveaux plaisirs et de nouvelles perfections” Leibniz 

Le Bonheur, ce n’est pas la perfection

Là aussi, il nous faut sortir d’une certaine vision utopique du monde. Je suis toujours ébahi lorsque j’interviens dans certaines entreprises « sur-normalisées » de découvrir à quel point le mythe peut l’emporter sur la réalité. Amusez-vous à demander à de hauts responsables dans l’industrie sous quel délai ils pensent atteindre le zéro défaut dans leur entreprise. Systématiquement vous noterez une hésitation. Elle est parfois très longue. Finalement, la réponse arrive : Jamais ! Mais cette hésitation montre à quel point la question est devenue saugrenue dans certains milieux professionnels. Chaque jour, ils œuvrent tous dans l’objectif d’atteindre la « qualité totale » oubliant que ce n’est qu’un mythe, une illusion. Cela se confirme lorsque, ayant obtenu la réponse attendue, vous les questionnez sur le droit à l’erreur dans leur entreprise. C’est là généralement que vous perdez le contact avec votre client qui pense en son for intérieur que vous êtes un doux utopiste. Mais qui est le plus utopiste : celui qui nie la réalité ou celui qui la reconnait et tente de s’y adapter ?
La perfection n’est pas de ce monde et c’est tant mieux. Imaginez un monde parfait ou tout se déroule comme prévu, ou vous avez toutes les qualités et vous maitrisez tout, avez connaissance de tout… même de l’heure de votre mort !!! Je ne souhaite pas personnellement vivre dans ce monde-là.
En vacances avec vos amis, vous devez apprendre à supporter tous leurs travers et leurs mesquineries. Si vous ne les acceptez pas, si elles génèrent chez vous une frustration insupportable, vos vacances risquent fort de tourner au cauchemar. Ce qui peut vous rendre heureux pendant ces vacances-là, c’est que vous passez du temps avec des personnes que vous aimez à faire des choses qui sortent de vos habitudes.
“Le bonheur positif et parfait est impossible ; il faut seulement s’attendre à un état comparativement moins douloureux” Schopenhauer

Le Bonheur, ce n’est pas l’indépendance

Faisant actuellement l’expérience d’un statut de « travailleur indépendant » exerçant mon activité sans collaborateurs ni associés, je suis régulièrement interpellé par des personnes envieuses de ma situation : « Ah ! je rêve moi aussi d’être indépendant ». Ce sont parfois des personnes qui ont dû souffrir de situations de soumissions professionnelles à des autorités malveillantes. Ils s’imaginent qu’être indépendant émancipe définitivement du joug des personnes abusant de leurs pouvoirs sur votre activité. Hélas, l’indépendance est à nouveau une utopie. Sans client, pas d’activité. Sans expert-comptable, pas d’activité, sans banquier, pas d’activité et sans l’administration pas d’activité. Tous ils ont des pouvoirs sur mon activité, même parfois le pouvoir d’y mettre un terme. La condition de travailleur indépendant à de réels avantages. Elle a de vrais inconvénients. Et un de ces inconvénients majeur, c’est la solitude et l’isolement.
« L'indépendance absolue ne mène ni à la vertu ni au bonheur ». Antoine Claude Gabriel Jobert 


Le bonheur ce n’est pas la sécurité

Dans nos sociétés judiciarisées, il est d’usage de croire que pour être heureux, il faut se protéger. Se protéger de tous les risques de notre vie de terrien. Hélas, nous sommes à nouveau face à une utopie dangereuse. Vivre c’est précisément prendre des risques. Vivre c’est dangereux. Et 100% des vivants vont mourir un jour. C’est idiot de le dire mais important de le rappeler.
Se sentir suffisamment en sécurité est une condition nécessaire pour pouvoir prendre le risque d’entreprendre sa vie. C’est le rôle des règles et des lois. Mais trop de sécurité tue l’esprit d’entreprise. Et le risque zéro n’existe pas.
Le petit d’Homme s’il veut marcher doit prendre le risque de tomber pour apprendre l’équilibre. S’il ne tombe pas, il n’apprend pas à marcher et ne peut pas devenir adulte c’est-à-dire autonome. Et si l’adulte référent qui l’accompagne vers l’acquisition de l’autonomie l’empêche de prendre le risque de tomber, il n’est pas bienveillant envers cet enfant. Il réagit face à ses propres craintes et pour sa propre tranquillité.
Notre société moderne est la société de l’assurance. Nous avons des assurances sur tout. Elles sont souvent obligatoires. Votre banquier veut bien vous prêter de l’argent à condition que vous preniez une assurance. Il veut bien vous faire un prêt mais veut prendre le moins de risques possibles.
Même avec la meilleure assurance et en respectant le code de la route, conduire reste dangereux et la voiture est un instrument qui peut être mortel. Faut-il pour autant rester chez soi ? Le code de la route est nécessaire pour limiter le danger, mais il ne le supprime pas. C’est un fait. Tant qu’il y aura de la circulation automobile, il y aura des morts sur la route.
Là encore, dans de nombreuses entreprises nous assistons à ce que nous pourrions appeler la surenchère sécuritaire.
Ainsi sur de nombreux sites industriels on ne communique plus sur la finalité de l’entreprise et la nature du produit fabriqué mais… sur le nombre de jours sans arrêt de travail ? Mettant sous pression chaque collaborateur, non pas à coopérer à se dépasser pour tendre vers le « fantasme » commun, mais à ne prendre aucun risque pour ne pas remettre l’indicateur à zéro.